Lorsque Reina était petite, et même lorsqu'elle est née, elle était seule. Oui, c'est bien bizarre à la naissance, mais atteinte d'une maladie infantile, elle a été placée en couveuse, loin de ses parents durant quelques semaines. Dur pour un nouveau né. Mais elle ne s'en souvient pas, bien heureusement. Mais en grandissant, au fil du temps, elle comprenait ce qu'était la vie d'une petite fille de bonne famille. Son père était un grand chef d'entreprise, qui fabriquait des téléphones portables, et sa mère, et bien, elle était et reste encore aujourd'hui, directrice de marketing, sur une entreprise française. Elle n'est jamais là, enfin très rarement. Mais Reina en a pas mal souffert durant son enfance. Étant fragile, elle a grandi sans aller à l'école, mais bénéficiant d'un professeur à domicile, et d'une nourrice, engagée pour prendre soin de sa petite maitresse comme la prunelle de ses yeux. Elle l'adorait, mais pour Reina, Mari ne pourrait remplacer la sensation qu'elle pourrait avoir en jouant avec des enfants de son âge. Et quand elle les voyait passer non loin de sa maison, riant et chahutant, elle en était jalouse. Elle tout ce qu'elle pouvait faire, c'était s'instruire comme les grandes dames et attendre le retour de sa mère.
Au fil des années, Reina prenait des cours de Violon, d'abord sous la contrainte, puis plus tard avec envie, car elle adorait çà, la musique, l'émotion qui la gagnait chaque fois qu'elle touchait du bout des doigts son instrument. Elle s'échappait pendant quelques heures,et oubliait sa vie de petite fille riche. Et ça l'avait bien aidé à tenir quelques années, juste assez pour entrer au lycée. Voilà sa délivrance.
Elle avait réussi à convaincre sa mère, de passage pour les fêtes de noël, de l'inscrire dans une école où seules les jeunes filles comme elles, douées, intelligentes, bien élevées et riches pouvaient aller. Là au moins, elle serait bien. Et sa maladie s'étant dissipée avec les années, elle ne craindrait plus rien. Elle pourrait continuer à faire honneur à sa famille. Et ça avait marché. Elle avait était acceptée à l'académie pour filles de Tokyo, et ses parents avaient décidé d'acheter un appartement en ville où la jeune fille pourrait habiter. Il n'était bien sûr pas question qu'elle y aille seule, non toute une équipe de servantes étaient là pour lui préparer le repas, faire sa lessive, et tout ce qu'il y avait à faire dans un appartement en général. Reina aurait aimé se débrouiller seule, mais c'était dans le pacte, elle se devait d'accepter. Et puis, savait-elle au moins passer le balais?
Après avoir intégré son école, aussi sublime qu'elle soit, Reina ressentait à nouveau le manque qui la prenait quand elle était petite. Elle voulait plus. Elle était curieuse, elle aimait rêver, de ce qu'aurait pu être sa vie si elle avait été différente. Elle avait envie de connaître une vie normale, de s'amuser, de faire tout et n'importe quoi, et de se laisser emporter par un brins de folie. Et même si la Woldingham School était une très bonne école, elle la trouvait parfois un peu trop gnangnan.
C'était bien sûr jusqu'à que celle ci soit fusionnée avec une école réservée aux garçons, une école réputée pour sa honte, ses mauvais résultats, et ses élèves bagarreurs. Une calamité comme le disent certaines des élèves de sa classe, mais pour elle, c'est le début d'un nouveau départ. Tout comme le montre son petit phénix tatoué sur le haut de sa poitrine, un tatouage qu'elle cache évidemment depuis qu'elle se l'ait fait, en arrivant à Tokyo. Car si son père savait qu'elle se l'ait fait faire, que son école a fusionné et qu'elle côtoierait des garçons, délinquants et irrespectueux, il la retirerait sur le champs. Et ce serait trop bon pour qu'elle rate çà. Néanmoins, un poil timide et effrayée par ce qu'elle allait trouver là bas, elle était toute excitée.