Peut-être est-ce la voix de ma conscience ? Vous savez, cette voix rassurante qui vous guide depuis la cécité de votre vie. Je ne pensais pas qu’elle referait surface à nouveau. Dans un moment pareil, moi Miura Azusa, je flotte dans les méandres des eaux du Styx. L’histoire qui va vous être conté n’est pas faites pour les âmes sensibles. Car mon Destin était déjà écrit, et je n’avais pourtant rien demandée. En effet, c’est bien beau de me demander de vous raconter l’histoire de ma vie, mais elle est malheureusement incomplète. Elle est comme un puzzle inachevé dans lequel il manque des pièces essentielles. Un trou dans mon être que jamais quiconque ne parvint à consolider. Venez, rejoignez-moi sous la vague déferlante de mon fleuve des ténèbres et buvez donc la tasse.

Soyez maudits ! Vous êtes sur le point de reproduire les noirs desseins de Lilith. Celle qui fut notre mère de l’humanité, première femme d’Adam, qui trahit les Cieux et devint fiancé de Lucifer, femme des Enfers. Ecoutez donc les lamentations de l’Agneau. Mes parents étaient excessivement riches, jeunes certes, mais riches  lorsqu’ils m’ont conçues. A peine âgés de vingt-deux ans, et malgré ce jeune âge, il avait eu les moyens de parfaire mon éducation. Je ne vais pas m’éterniser sur l’absence de mes parents durant mon enfance, ma venue au monde n’était pas souhaitée pour combler le besoin d’enfant, mais pour avoir un héritier pour l’empire familial. J’eus à peine le temps de pousser mon premier cri -de guerre- que ma mère me rejeta et me fit élever par des nourrices et des précepteurs. J’ai beau avoir vécue dans un environnement sain, avoir connu le manque d’affection dans mon enfance par mes parents biologiques est la première pièce manquante de mon puzzle.


Vous vous demandez où est-ce que je me trouve ? Je n’en ai pas la moindre idée. Il fait chaud. C’est agréable comme sensation. Je me sens comme dans le ventre de mon égoïste de mère. Mes précepteurs ont toujours été attentifs à mon bien être, ils ont toujours été là pour moi, et je peux compter sur eux. Mr Miura est quant à lui gérant d’une grande chaîne en boutique de joaillerie,  tandis que Mme Miura possède  un restaurant étoilé gastronomique occidental, j’y ai souvent travaillé afin de me faire de l’argent de poche. J’ai vécue dans un milieu de richesses et de paillettes. A vrai dire, je n’ai rien à envier à personne. Je croule peut-être  sur l’or, mais mon éducation qu’on m’a inculquée est de l’ordre de la modération. Me rouler au sol comme un porc pour obtenir l’objet de mes désirs est impossible de ma part. J’ai toujours su me contenter de ce que je pouvais avoir, je ne cherchais pas à obtenir plus. Malgré mon jeune âge, je devais être très mature.

Mon enfance se passa agréablement bien. J’ai appris à marcher, parler comme n’importe quel enfant sain. J’étais très joyeuse, souriante et curieuse. Lorsque j’ai atteint l’âge de savoir compter et lasser mes chaussures, mes parents m’ont envoyé à l’école maternelle du quartier. Le jardin d’enfants était accueillant, les maîtresses étaient gentilles. Les enfants aussi, sauf les quelques filles qui me tiraient les cheveux. La jalousie est un sentiment qui ronge l’homme. Les pauvres, elles se nécrosent et n’en en ont même pas conscience. Quelle pitié.


Mon adolescence ? Sans hésiter, se fut la période de ma vie la plus belle que j’ai passée. Le lycée, j’étais une élève relativement douée, je n’étais pas une tête d’ampoule, mais j’en avais dans le crâne. Entre l’aide que je fournissais à mes parents dans le restaurant, les études et les sorties je n’avais plus aucun temps pour une occupation extérieure. Oui, j’étais très occupée et frivole comme fille. Tête en l’air de nature, je ne comprenais pas lorsqu’un mec était charmé par ma personne. Je me faisais facilement haïr pour ma nonchalance d’esprit qu’on disait. Je n’y pouvais rien si je ne comprenais pas les signaux. Sinon, je haussais les épaules et je continuais ma route. Je n’avais pas assez de patience pour endurer les reproches de jeunes filles offensées. Vous êtes frustrées mesdemoiselles parce que j’envoie des râteaux ? 118 218, appelez et les deux zouaves de la pub se feront un plaisir de calmer vos ardeurs. Pauvres cloches. Et oui, à la fin de ma scolarité, je suis devenue impartiale et moqueuse. Bouh? Vous avez peur? Allez barrez-vous de là. Merci.

Aujourd’hui, je suis Psychologue à Wolrui Gakuen, fusion entre l’école de voyous Warui et la prestigieuse école pour jeune filles Woldingham. Je prends soin de l’image intérieur, de leur bien-être de mes patients afin qu’il puisse avoir une meilleure estime d’eux-mêmes. Je suis assez fière de mon cursus scolaire, bon niveau sentimental ce n’est pas encore ça, mais ça viendra quand ça viendra. Eh oui, je suis quelqu’un qui peut dire honnêtement : je vis dans un environnement sain.