L’ennui est certainement le mot qui caractériserait le mieux ma vie. Du moins pour l’instant. Quoiqu’il fut un temps où ma vie sembla un peu plus lumineuse. Depuis tout petit, j’eus l’habitude de ne pas travailler à l’école. Tout me paraissait lent. J’avais quelques années d’avance mais en même temps par rapport aux autres, on me pensait en retard. Toujours est-il que j’arrivais major de promo à chaque fin d’année. Les examens les plus importants étaient les seuls qui comptaient pour moi. Je me fis rapidement haïr par les professeurs et les élèves. J’avais peut-être en effet tendance de « corriger » ceux-ci de manière qu’on qualifiait d’irrespectueuse. Je n’ai jamais compris pourquoi est-ce que la plupart des personnes ne veulent pas voir leurs erreurs de raisonnement. Tout cela est si futile et enfantin. Dire qu’on répète toujours aux enfants d’être responsables et de faire face à leurs actes. Ça me fait bien rire ! Les adultes sont certainement les premiers à se voiler la face.
Enfin, ne divaguons pas sur eux, ce qui intéresse, c’est moi. Enfin je crois. Bref, je fus diplômé et embauché, et tout le tralala. J’ai du démissionner deux ou trois  fois je ne sais plus trop. Je crois que j’avais dit quelque chose de « déplacé » à un élève… Ou peut-être au directeur… Une histoire avec une femme, et un homme, enfin une histoire de tromperie entre collègue je pense. Ça arrive souvent. On m’a dit qu’il aurait fallu que je garde ça pour moi.
On s’interroge souvent sur ma vie privée. Ma personnalité fait qu’on pense que je suis incapable d’avoir des sentiments amoureux. En fait c’est… entre le vrai et le faux. J’ai été marié en réalité. Une femme, très belle, très mystérieuse, très intelligente, me défiant avec provocation, m’a séduit. Elle m’a fasciné à un tel point que je ne pus m’empêcher de lui courir après. Le jeu du chat et de la souris, vous savez ? Elle était étudiante à la fac où j’enseignais. Je n’aurai jamais cru être attiré par quelqu’un de la sorte ;
Cette situation a duré un an, avec ce genre de « fuis moi, je te sui, suis moi, je te fuis ». Mais on était destiné à vivre ensemble. Après un an, on a commencé à se voir, plus… calmement. Un an plus tard, elle obtint son diplôme avec succès, major de promo, comme je m’y attendais. A partir de ce moment là, je fus face à un choix qui aurait paru problématique pour certains mais moi je n’hésitais pas une seconde. Japonaise, elle devait à présent retourner chez elle. J’ai tout plaqué sur le champ et je suis parti avec elle. Je n’avais que ça à faire. Rien ne m’attachait à cette terre, personne ne m’y attachait. Il n’y avait qu’elle qui comptait. Elle rendait ma vie bien plus intéressante chaque jour. Pour la première fois de ma vie, j’avais l’impression que quelqu’un m’apprenait quelque chose. Lorsque je la regardais, je ne pouvais déceler quelque chose de sa vie. Alors que tout me paraissait clair sur les autres, elle restait un mystère.
Nous sommes donc allés au Japon. Là-bas, j’ai reconstruit ma vie. Suivant ma voie, elle est devenue enseignante, et nous avons été embauchés dans le même lycée. Ma vie, c’était elle. Et puis, elle est tombée malade. Une maladie orpheline, incurable. Peu à peu sa santé a commencé à décliner sans qu’on ne puisse rien faire. Je n’avais pas les fonds pour financer une recherche qui puisse aboutir à un résultat conséquent pour lui sauver la vie.
Habillé de noir, je suivais le cortège. Elle n’était plus là. J’ai recommencé à m’ennuyer… à mourir. Quittant mon poste, ne supportant plus les regards attristés de mes collègues et leur chuchotements peu discrets. Impulsif, je me mis à leur dire toute leur vie aux autres, divulguant les moindres secrets. Et après m’être vengé sur eux de la mort de ma femme, je partis.
Je suis arrivé dans un nouveau lycée. En fait, je m’en fichais royalement. J’étais redevenu celui que j’avais toujours été avant qu’elle n’apparaisse dans ma vie. Au dessus de tous, je les regardais avec mépris, eux et leur vie ennuyeuse qu’ils tentaient de faire devenir palpitante. La gueguerre qui se déroulait au sein du lycée me faisait rire ironiquement. Mine de rien, je m’en mêlais de temps en temps, histoire de pimenter les relations et tenter de supporter l’ennui mortel dans lequel j’étais plongé. De toute façon… C’était ennuyeux, la vie.

Et puis comme vous voulez en savoir plus (avouez-le), je vous ai écrit son caractère et son physique...

Caractère&Physique: