Je souriais en réalisant qu'il connaissait déjà un trait de ma personnalité. Effectivement, que je dérange ou non, c'était le dernier de mes soucis. Quand je voulais, on faisait et puis c'était comme ça. On peut dire que c'était ma philosophie de vie, oui. Je n'aimais pas qu'on me résiste, c'est comme ça. Quand on me dit non, je ressens une telle frustration que même s'il s'agit de quelque chose d'insignifiant, je me batterais jusqu'à obtenir ce que je veux. D'ailleurs mon sourire se transforma en entendant sa remarque. Il devint plus joueur, emplit de défis. S'il voulait plus que ça, alors pourquoi ne pas lui donner ce qu'il voulait. Mais pour l'instant je restais calme et soft, le laissant me parler, m'amusant du fait qu'il joue avec une mèche de mes cheveux. C'était vraiment étrange de voir qu'il entrait dans mon jeu. Il ne s'y prêtait pas aussi rapidement d'habitude. Peut-être que notre public le motivait ?

Je pouvais entendre des filles ruminer, des garçons me regardaient mais c'était différent des filles. Les filles me jalousaient alors que les garçons se devaient se dire qu'ils aimeraient être à sa place. C'est rare qu'une fille soit entreprenante dans ce pays, forcément, ça donne envie. Je ne bougeais néanmoins pas, gardant mon regard sur lui et le laissant faire ce qu'il voulait de ma mèche, me demandant si ça allait devenir intéressant. Quand c'était plat, long et inintéressant, je me lassais et j'allais voir ailleurs. J'espère que cela n'arrivera pas avec lui. Ou du moins, pas pour le moment.

-Hm très belle, trop volage pour moi, dommage.

Oh, ça pouvait devenir intéressant en effet. Je levais mes yeux vers lui, prenant une moue légèrement boudeuse comme une enfant contrariée. Trop volage ? Ce n'était pas tout à fait faux. Pas tout à vrai non plus. Je profitais de ma jeunesse, je tâtonnais le terrain. Plusieurs terrains. Il faut bien voir lequel sera le plus intéressant !
Posant mon doigt sur mon menton, je m'approchais de lui, détaillant ses traits quelques secondes, me postant droit devant lui, mon visage remontant vers le sien, comme si je réfléchissais à quelque chose qui allait changer l'humanité pour toujours.

-Moh, Kyo ! Volage, moi ? Tu sais bien qu'il y'a un ordre de priorité.

Mon air froissé ne se décollait pas de mon visage, au contraire. Je m'amusais à discrètement m'approcher de lui, rendant les autres encore plus fou de rage. Mais c'était dans ma nature, je n'y pouvais rien, voyons !

-Et toi, tu es plutôt bien placé.

Je passais ma main dans ses cheveux, continuant de le fixer. Glissant de sa chevelure, elle vint se poser sur son torse, me servant d’appui pour me glisser jusqu'à son oreille.

-Sache que j'ai bien plus qu'un beau sourire.

Les vérités étant dite, je ris et me décalais légèrement, gardant toujours mon regard sur lui. Je ne le lâchais pas même une seconde, évitant au maximum de croiser un autre regard. Les ignorer superbement, c'était mon but. Je savais que ça ne les énervera que davantage.

Je levais mes yeux vers le ciel, laissant apparaître un sourire amusé quand il me demanda s'il n'était pas le numéro un, comme si cette question était absurde. Non, il n'était pas le numéro un. Je n'avais pas de numéro un. Ça venait, ça partait, c'était comme ça je fonctionnais. Si je m'amusais à faire des classement de ce genre, je ne m'en sortais plus. Mais sa réaction m'amusait et je plaçais mon regard joueur dans le sien en sentant sa main dans mon cou. Je restais songeuse à sa question. C'est vrai, qu'avais-je de plus que mon physique ? C'est toujours derrière cela que je me cachais. Je savais ce que je valais physiquement et je préférais tout ce qui était superficiel. Parce que le reste, ça me faisait peur. Je veux dire, j'avais l'impression qu'en se dévoilant psychologiquement, on est bien trop vulnérable.

Je ris franchement quand il me fit remarquer qu'il se demandait ce que je pouvais valoir comme petite-amie. Pas grand chose... Je suppose. La vérité, c'est que je ne m'étais jamais « posée » avec un garçon, alors je ne pouvais pas répondre à cette question. Ça m'effrayait un peu. Mais je ne laissais rien voir, haussant les épaules comme si de rien n'était.

-Merci pour tout ces compliments – volontaires ou non.

Je m'approchais de lui, papillonnant des yeux d'un air d'une innocence alarmante. Je guettais l'heure pour m'assurer qu'on allait pas m'interrompre. C'était pénible, cette école qui risquait à tout moment de m'empêcher de faire ce que je voulais. Une nouvelle fois, je m'approchais de lui, me mettant sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille :

-Pour ce qui est de mes qualités de petite-amie... Qui vivra verra. Mais je suis certaine que je suis très bonne.

Un nouveau rire se bloqua dans ma gorge et je pouffais un peu bêtement, m'écartant de lui pour finalement déclarer avec un resplendissant sourire :

-Ou peut-être pas ! Après tout, tout dépend de qui joue le rôle du petit-ami, hum ?

Mon air se faisait taquin et je levais les bras et pinçais mes lèvres, notant à quel point ma théorie était indiscutable. Parce que oui, c'était tout à fait indiscutable, non ? J'avais toujours raison et Kyo se fera rapidement à l'idée... Enfin, il n'avait pas vraiment le choix.

Bonne question, pour le petit-ami. En fait, je n'en avais pas la moindre idée. Je n'avais jamais vraiment eu ce genre de pensée, à établir en quelque sorte une liste du type d'homme que j'aimerai dans ma vie. Plutôt asiatique ou occidental ou même basané, si je l'aimerais gentil et discret ou au contraire, un extravertie à toujours avoir la bouche ouverte... Je ne pense qu'essayer d'avoir un idéal n'était pas une bonne idée, je finirais toujours déçue de voir que cet homme n'existerait pas. Ensuite pour les garçons de cet école... C'était un peu cocasse comme question.

Je mordille légèrement ma lèvre quand il se rapprochait de moi, laissant mon regard gagner le sien, une esquisse amusée sur le visage en le voyant si près. Il était vraiment très beau, c'était malheureusement indéniable. J'étais flattée qu'il me confie que c'est moi qu'il aurait choisi comme petite amie. Intriguée, je secouais la tête, attendant avec impatience plus d'explication. Un frisson me parcourut en sentant son souffle sur mon oreille et je ris furtivement à l'entente de ce qui ferait de moi celle qu'il choisirait comme petite-amie. J'agrippai le tissus de sachemise, l'amenant à moi tout en me reculant légèrement pour lui faire face ;

-Ah oui ? Je ne sais pas comment je dois prendre cela, Lee-kun.

Joueuse, je posai mes main sur son torse, n'effaçant jamais l'esquisse sur mes lèvres tandis que mon regard rejoignait ses lèvres. C'est vrai qu'il me plaisait beaucoup et que je ressentais une certaine attraction avec lui.

-Qui me dit que tu ne dis pas ça pour me charmer et juste assouvir ton désir de mâle, hum ?

Du mieux que je pouvais, j'essayais de rester sérieuse tout en le regardant, m'amusant avec les boutons de sa chemise. À mon tour je m'approchais de son oreille, laissant mon corps sensuellement glisser contre le sien pour ajouter :

-Si c'est le cas, ça risque de marcher, fais attention. Et... Peut-être que si je devais choisir un petit-ami ici, ce serait toi ? Après tout, tu es bien plus amusant que bien d'autres... Et plus sexy.

Restant ainsi quelques secondes, je rompais ce moment qui devenait un peu trop chaud par un chaste baiser sur la joue, me positionnait un peu plus loin de lui. Je crois que la sonnerie avait sonné, mais à vrai dire, je trouvais ça bien plus intéressant qu'un cour de mathématiques.