Les gens pensent que comme on est étudiant à l'université, on a de l'argent pour toutes nos dépenses. Ca m'a toujours bien fait rire, cette idée conçue. Si c'était vrai, je ne serai pas là devant les grilles du Lycée Waru en train d'hésiter à la passer. Je sais que dès que je l'aurai franchi, mon passé me rattrapera. Ca fait que deux semaines que je suis rentré de France où je m'étais enfuis lâchement pour oublier;
et me plonger dans mes études. Lorsque mon oncle m'avait proposé de partir y vivre vers mes quinze ans, j'avais refusé puisque l'idée de l'abandonner me dérangeait. Puis, je l'avais vu changé de tout au tout. S’il savait que j'étais là ce soir-là.

Le psychologue qui me suivait à Paris m'a dit un jour que je devais mettre mes idées par écrit. Mon cahier de note, ne me quitte plus depuis. Peut-être qu'un jour je le ferai lire à mon reflet pour qu'il comprenne que j'ai toujours autant besoin de lui que quand nous étions petits.

Vous ne devez peut être pas comprendre de quoi je parle là, non? Laissez-moi donc me présenter. Je m'appelle Par Jae Sun, 20 ans depuis mars, étudiant en deuxième année de droit, et le nouveau surveillant à mi-temps du Lycée Waru. Pourquoi Waru? Qui est pourtant réputé comme étant un lycée de mauvais garçon? Car ma moitié se trouve ici.

Tout à commencer il y a plus de vingt ans maintenant, à l'hopital de Busan, en Corée du Sud. Ma mère était en salle de travaille depuis plus de quarante-huit heure quand enfin, Kwang Ho décida de montrer le bout de son nez. Papa raccontait en rigolant que mon frère avait attendu que j'arrive pour pousser son premier cri. Comme si déjà à ce moment là, il ne voulait pas être séparé de moi. Donc si vous avez bien suivit, j'ai un jumeau de deux minutes mon ainé. Et il m'a toujours bien fait comprendre qu'il était l'ainé et que son rôle était de me protéger. Enfant, ce n'était jamais l'un sans l'autre. Même si je faisais moins de bêtise que lui. Où devrais-je dire, j'étais la tête pensante et lui l'exécutant de notre duo.

Pourtant, dès qu'on se faisait prendre, Kwang Ho prenait toujours toutes les responsabilités en disant qu'il m'avait entrainé. Il était devenu un très bon comédien à force de pleurer sur commande. Tout le monde disait que nous étions adorables en dehors bien entendu de nos bêtises, et nous étions la fierté de nos parents. Surtout lui. J'ai souvenir que j'ai dû redoublé en CP car je ne savais pas bien lire. Je venais d'être puni par papa et je m'étais réfugié dans notre chambre. Des pleures m'avaient attirés dans le couloir pour le voir dans les bras de maman entrain de supplier
qu'on le laisse redoubler pour ne pas me laisser seul.

Pour les enfants, il est logique de décider qu'un adulte soit le héro de leur enfance. Pour moi, ce n'était pas un adulte. Mais seulement, Kwang Ho. Il avait toujours le petit truc pour me faire rire, le sourire aux lèvres et le regard rieur. Puis, il était fort câlin. Ca arrivait assez souvent, que nos parents nous retrouvent blottit dans les bras l'un de l'autre le matin lors de notre réveil pour nous préparer à aller à l'école.

Puis un jour, lors de l'année de nos douze ans. Je ne sais toujours pas ce qui a bien pu se passer. Mais mes parents moururent dans un accident de voiture.
Le seul survivant était mon reflet. Moi, j'étais resté à la maison pour travailler pour un cours quand les policiers sont venus me chercher.  On me conduisit à l'hôpital pour voir mon frère, alors que notre veille voisine alla à la morgue pour reconnaitre nos parents. Arrivé dans la chambre, il était là, ne bougeant pas, regardant dans le vide. Et moi, les larmes coulèrent, je ne voulais qu'une chose qu'il me dise que ce n'était qu'un cauchemar et que nos parents allèrent arriver en criant "on vous a eu."

Kwang Ho resta à l'hôpital pendant un long moment, notre oncle qui habite au Japon, vient s'installer chez nous pour s'occuper des papiers, et de nous. Pourtant mon frère ne bougeait pas, il était toujours en état de choc. Et moi, je me refermais dans mes études pour oublier. Quand il put enfin sortir de l'hôpital, notre oncle nous annonça qu'on allait partir vivre chez lui, à Tokyo.

Là-bas, Kwang Ho était suivit par des psychologues, je l'accompagnais à tous ses rendez-vous. Ne voulant pas le laisser seul mais toujours en restant dans mes cours. C'était devenu une habitude de me voir avec des cahiers pour m'exercer. Alors que j'étais premier de classe, mon jumeau prit enfin conscience que nos parents étaient décédés. A la place de venir vers moi, pour qu'on se protège l'un l'autre. Il commença a trainé avec une bande que je n'appréciais pas trop.

Pendant que lui se bagarrait, moi, je passais haut la main des concours pour entrer dans le meilleur lycée privé. Je choisis l'option français. Et lors de mon année en terminale, on me proposa de partir poursuivre mes études en France. Il fallait que j'en parle à Kwang Ho.

Je le cherchais du côté où il avait l'habitude de trainer avec ses amis, et c'est là que je le vis se battre contre un plus vieux. Ce que je vis me fit froid dans le dos. Il n'était plus le héro de mon enfance, il en était devenu le méchant. Le soir même, alors qu'il allait certainement sortir, je lui fit part de mon acceptation dans un lycée français. Ma question était simple, s’il me répondait oui, je resterai près de lui.  « Pleureras-tu si je pars ? Seras-tu capable de mettre ta fierté de côté et me prendre dans tes bras pour murmurer un simple, je t’aime, comme autrefois ?"Mais ce ne fut pas ce à quoi j'attendais. Sa voix devint froide et un simple "Va te faire foutre" m'indiqua que nous n'avions plus rien avoir ensemble. Il sortit de chez notre oncle en claquant la porte, et je le suivit du regard jusqu'au moment où il tourna au coin de la rue. Cette nuit là,
j'ai pleuré la mort de l'amour que mon frère me portait encore il y a peu de temps. Je compris que j'étais seul maintenant. Qu'il ne serait plus jamais là pour me protéger. Que je devais m'occuper de mon avenir.

Deux jours après, mes valises étaient bouclés et je prie l'avion en direction de Paris. Laissant une simple lettre à mon frère dans lequel je lui disais simplement "Je t'aime." Durant trois ans, je ne passai que mon temps à étudier pour être le premier de ma classe, aussi bien au lycée quand classe de prépa de droit, puis à l'université de droit de Paris.

Pourtant, il a fallut que  Hyo Sun, une amie d’enfance de mon frère et moi de quand nous habitions encore en Corée. Me supplie par lettre, par mail, par conversation téléphonique et même par skype, pour que je décide de retourner dans cette ville où j’ai vu mon frère changé. Peut-être que je l'aime toujours comme avant. Quoi qu'il en soit, j'ai demandé d'être transféré à l'université de Tokyo. Un mois après, j’attendais à l’aéroport un visage familier. Espérant le voir lui m’attendant avec un grand sourire sur les lèvres. J’avais besoin qu’il me sert dans ses bras en me disant qu’il m’aimait.. A la place, ce fut une jeune fille que je n’avais plus vu depuis longtemps qui était là, avec un énorme sourire sur le visage. Qui me sauta dans les bras dès qu’elle me vit. C’est avec Hyo Sun et sa mère que je me rendis chez mon oncle.

Ca fait donc deux semaines que je suis de retour au Japon, deux semaines où mon frère m’évite. Mais tout ça va changer. Dès que j’aurai passé la grille, je serai un surveillant de son lycée. Là, je me retiens de rigoler. Ma tante m’a montré des photos de mon jumeau. A part la couleur de cheveux, on se ressemble encore très très fort, et les élèves me dévisagent comme si ils avaient boudha devant eux. J’ai peur de découvrir des choses sur mon frère. J’ai peur de le revoir de nouveau. Comment va-t-il prendre ma présence près de lui. Est-ce que j’arriverai à lui dire que j’ai toujours besoin qu’il me protège et qu’il me prenne dans ses bras comme quand nous étions petit. Est-ce que j’arriverai à lui dire que je lui pardonne. Peut-il seulement savoir combien il me manque. Mais je le jure sur la tombe de nos parents, avant la fin de l’année, les jumeaux Park seront de retour.